13 Février 2013
Emmanuel Darley
Elle s’avance un arrosoir à la main. Dévisage les gens.
Non mais hé ! Ho !
Qu’est-ce c’est l’histoire là ?
Faudrait voir à pas m’emmerder, hein, pas m’emmerder tous ceux-là.
Les monuments et puis les aut’là.
Pas m’emmerder. Chez moi ici.
Pas m’emmerder tous là, ceux-là avec les belles bagnoles ! Rien du tout ça les bagnoles, les ho la la qu’est-ce qu’elle est belle, oh la la le confort, et le cuir, t’as vu le cuir, touche, vas-y, touche. Rien de rien !
Pas chier ouais !
Bien avant eux j’étais !
Tout’ p’tite même.
Des tas d’années là dans ces murs.
Fait mine de s’en aller. Revient.
Manqu’raipluc !
Pose l’arrosoir. Va chercher une chaise qu’elle approche. S’assied.
J’vais m’installer là tiens. S’toire de voir.
Surveiller. J’ter un œil, ouais.
Pas taiseuse moi, jamais d’la vie.
Si faut qu’j’parle, hein.
Haha !
Pas m’laisser faire, non ?
Faudrait voir.
Qu’est-ce qu’y croient ?
Aim’raient bien que j’file ouais.
Rêvent que d’ça ouais.
Pouvoir disposer.
Faire leurs trucs là, chez moi, à ma place, comme si que.
Pas gênés.
Juste là !
Parce que bon, pas croire hein.
Pas non plus non plus.
Belles bagnoles, sièges en cuir et tout ça hein.
Elle se lève, va arroser. Se tourne vers la façade.
Pas m’faire chier !
S’croient tout permis même s’inviter à m’jeter dehors à coups d’biftons.
Tout permis ouais.
Coups d’biftons, p’tit pécule, belle affaire blahblahblah.
Attendent ouais, peuvent bien.
Reluquer ouais, zieuter chez moi.
Comme si que mais non.
Rien de rien.
Tout permis, non mais quoi.
Comme l’aut’ là, d’avant.
Tout pareil ouais.
Élie Affre, là. L’aut’cocu.
Bon.
Toujours cru qu’pourrait me.
Toujours cru ouais.
Tintin ouais.
Toujours là à m’coller.
Les yeux doux, les violettes et le tintouin.
Haha !
Pensait Élie Affre, s’y voyait d’jà, Élie Affre : Élie Affre, acceptez-vous d’prendre pour épouse.
Non mais t’imagines.
T’imagines ?
Haha !
Aurait pas manqué hein.
Elle se lève, va arroser. Va de-ci, de-là.