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formations fle et clown

Faire du clown en classe de fle

Xavier Durringer, "Chroniques de jours entiers et de nuits entières"

Y'a des nuits entières où je ne dors pas...

Des nuits entières où je ne dors pas, des nuits entières...

J'y arrive pas, je me retourne dans tout les sens, je remets de l'ordre dans mes idées. Point.

Y'a des nuits entières où je ne dors pas... je ne dois pas être la seule... mais j'y arrive pas.

Y'a des jours entiers où je pense à toi.

Tu viens là comme un uppercut au plexus, me trouer, me transpercer, comme une rage de dent dedans la tête.

Tu sommeilles, tu somnoles, toi tranquille t'étirant, au fond de moi, t'écartant en moi.

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J'arrive pas à dire, j'arrive pas. Une simple chose, j'y arrive pas... c'est... c'est un petit truc qui va pas, qui se déclenche pas, je voudrais vous dire, oh j'aimerais tellement que ça s'ouvre là-dedans, mais ça s'ouvre pas, y'a rien qu'en ressort, jamais, rien de bon, là, que vous puissiez lire là, deviner, sentir en même temps, même avant moi là, ce que je sens, me le dire, mais y'a un truc, un sale petit machinchose qui se voit pas, qui bouche ou je sais pas, un petit grain qui vient tout dérégler, enrayer, je sais pas, j'y pense et je vois pas, vraiment, la mécanique à l'air, putain ce que j'ai l'air!

Incroyable on croit en me voyant, on se dit elle va bien, c't'incroyable ce que cette fille-là va bien, elle pétille de partout, on a envie de la mordre, elle est comment dire juteuse, c'est ça, coulante, belle, gonflée, oh putain ce qu'elle est belle on se dit, alléchante, cette fille est alléchante de partout, de la pointe à la plante, aïe, aïe, aïe, on se dit, pas vrai?

C'est pas vrai. C'est le châssis ça, une carcasse, un drôle de châssis, je sais pas, je sais pas.

Parfois quand la nuit se fait plus longue que d'habitude et que je suis là comme une conne à m'engouffrer des bouts de pain avec du beurre, du beurre de cacao ou de cacahuète, à tout vider de partout, les frigos, les boîtes d'oeufs pour faire l'omelette, à ronger des tablettes, à compter mes jours devant des boîtes froides, à tremper n'importe quoi dans la confiture, je me dis qu'il faut que je devienne grosse et grasse, comme ça, encore plus grosse comme ça personne, plus personne ne me regardera plus, plus je serai grosse moins on me verra, drôle non?

Je pourrais m'allonger tranquille, étendre mes grosses jambes, me mettre sur le côté, je ferais comme une femme fatiguée, je ferais et je mangerais des tablettes et des tablettes de petites pastilles de toutes les couleurs, bleues, je fermerais les yeux et j'oublierais comment je m'appelle, et comme j'étais tout en fermant les yeux et je mourirais, donc, je mourirais.

Xavier Durringer

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